Dis moi dix mots

DIX PETITES HISTOIRES SOLIDAIRES AUTOUR DES DIX MOTS

Accueillant. Pour commencer. C’est le mot d’accueil de cette année, le premier des dix, et dans les premières pages du dictionnaire, avec son a et ses deux c. Sans doute le plus à même d’exprimer l’esprit de solidarité ; et rappelons-nous que, pour rester une langue vivante, le français se doit d’être accueillant aux mots venus d’ailleurs.

Au singulier, l’agape était le repas, maigre et frugal, pris en commun par les premiers chrétiens. Au pluriel, comme il se doit, le mot prend de l’importance et l’on va jusqu’à parler de somptueuses agapes, autant dire de festins… Mais dans tous les cas en gardant l’idée de fraternité et de convivialité, qui vient du grec agapê, amour.

Il faut savoir qu’avec ce petit mot, avec, nous avons l’un des plus employés de la langue française. C’est par excellence le mot de la relation entre les êtres, de l’accompagnement, de l’accord, de l’union. Et parfois tout le contraire : il s’est battu avec un camarade. Allez vous y retrouver avec ça !

Harmonieusement, c’est l’adverbe de service cette année. On peut le trouver un peu long, comme souvent les adverbes, mais il déroule un ensemble de sons bien combinés entre eux, agréables à l’oreille : au fond, il fait ce qu’il dit.

Main, c’est un de ces mots courts aux mille emplois divers, dont certains pour dire la solidarité et la cohésion entre les hommes : la main ouverte, tendre la main, être unis comme les doigts de la main. Par là, une main, c’est aussi une équipe homogène de personnes qui travaillent ensemble : une main d’ouvriers.

Les relations font la trame du lien social et, depuis les guildes médiévales de compagnons jusqu’aux sites spécialisés, réseauter est le b-a ba de la vie professionnelle. De nos jours, où le poids des carnets d’adresses prend une importance croissante, le réseautage peut être réel ou virtuel, selon que l’on se rencontre physiquement ou sur des écrans. Il dépasse la sphère professionnelle et se prête aux loisirs, aux rêves, aux amitiés, voire aux passions.

Au théâtre, le fil, au côté de la drisse, de la guinde ou du chanvre, permet les manœuvres collectives et remplace les mots porte-malheur corde et ficelle, formellement proscrits, comme sur les bateaux. La couturière assemble et monte un vêtement avec du fil à bâtir. Seul le téléphone, après la TSF, est en train de perdre le fil, et le « coup de fil » qui pouvait relier les amis les plus éloignés ne restera bientôt qu’une expression figée, telle cette ligne jaune à ne pas franchir, mais qui est blanche partout, ou ces passages cloutés qui sont désormais zébrés.

Le premier de classe est le meilleur élève, celui qui domine les autres, tandis que le premier de cordéeest celui qui ouvre la voie aux autres, qui affronte les imprévus et les risques de la montagne et se trouve responsable du chemin et de la vie de ceux qui suivent. À l’opposé de la compétition, la cordée est ainsi un beau symbole de la solidarité humaine face à la difficulté ou à l’adversité.

Voilà un bel exemple d’écart entre un sens propre et un sens figuré : être reconnu complice d’un meurtre doit mener en prison, mais un regard complice peut mener au paradis. Ce qui relie les deux sens est la connivence et l’entraide qui rapprochent deux personnes pour une action commune. Cette connivence suppose le secret partagé, qu’il s’agisse de préméditer un crime ou de préparer une fête surprise.

On peut chanter seul, on peut chanter à plusieurs la même partie, à l’unisson. On peut dialoguer en chantant, comme à l’opéra. Mais chanter en chœur introduit bien des contraintes fécondes. Cela suppose de reconnaître aux hommes et aux femmes des voix et des tessitures différentes, de chanter des parties différentes mais cohérentes, bien agencées par un compositeur, et surtout de mener un travail de répétitions en commun, où tous s’imposent de chanter juste et d’écouter les autres pour parvenir ensemble à l’harmonie.

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